13 août 2010

Le Bagne de Saint Laurent

Peines et institutions du bagne
Le tribunal maritime spécial à Saint-Laurent juge seulement les forçats. C’est une survivance du temps où la Marine régissait le bagne et où le grand maître de la transportation était l’amiral-commandant de la division nationale des Antilles. Le tribunal est présidé par un capitaine d’infanterie coloniale qui a pour assesseurs le président du tribunal civil de Saint-Laurent et un sous-chef du bureau de l’administration pénitentiaire. Un autre fonctionnaire du même grade occupe le siège du commissaire-rapporteur, et un surveillant militaire fait office de greffier. C’est lui qui, le moment venu, lit au prévenu l’acte d’accusation. La défense, bien maigre, des transportées est assurée d’une part par les surveillants (choisis parmi les plus intelligents) et d’autre part par toute personne libre qui veut bien remplir ce rôle. La salle des séances est celle du prétoire de la commission disciplinaire : le jour de la session, la porte est ouverte car les audiences sont publiques.

L'infirmerie

La cuisine

La bastonnade
Le nombre de coups est fixé par décret à Paris. Les fouettards, qui sont aussi bagnards, ne font pas de difficultés pour rendre encore plus terribles les supplices, selon l’humeur des gardiens. Le bagnard Maynard parle ainsi du fouettard Ambarrek : « Quand il frappait les condamnées liés au banc fatal, il se hissait sur la pointe des pieds afin que le fouet timbât de plus haut et se pelotonnant tout à coup comme un fauve, il abaissait le fouet à nœuds et le tirait horizontalement. Cet Arabe était le seul correcteur qui du premier coup arrachait avec son fouet à sept lanières des lambeaux de chair écarlate. Sa figure se contractait, ses yeux étincelaient. Il montrait toutes ses dents, il était épouvantable. » L’arrivée de Jules Grévy à la présidence de la République met fin, au début des années 1880, aux châtiments corporels. On assiste alors à la création du tribunal maritime spécial et à l’institution des camps disciplinaire.
Guillotine
Lors de l’abolition des peines corporelles, les deux machines furent placées dans un local du quartier disciplinaire de Saint-Laurent. En accueillant ces deux bascules à mort, Saint-Laurent gagna en importance et sa réputation de capitale du bagne prit son sens. Pour une exécution, les préparatifs commençaient dans la nuit. Bourreaux et aides bourreaux procédaient à l’érection de la machine. Ils accomplissaient cette tâche dans le silence pour ne pas réveiller les occupants des deux rangées de bat-flanc. A l’aube, le groupe de porte-clés venait prendre le condamné. On lui remettait un dernier repas, un litre de vin et un paquet de cigarettes. Après cette ultime collation, il était amené au greffe où il retrouvait le directeur, le procureur, le médecin et l’aumônier. Il signait le registre de levée d’écrou, puis était conduit vers la « veuve noire » pour y être exécuté.

Les cellules pour une vingtaine de personne, souvent occupé par plus du double.Les cellules d'isolement.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour et merci pour ce petit reportage.
Cette histoire des bagnes me passionne, mais je n'aurai certainement jamais l'occasion d'aller jusqu'en Guyane, voir tous ces vestiges...
Merci pour cette visite.
Je reste preneur d'autres photos des lieux visités...
dadguepatr(arobase)wanadoo(point)fr